Prêche rock

Éric Valz

Être ou ne pas être rock’n’roll, telle est la question que se pose Guillaume Canet, jouant son propre rôle dans Rock’n’roll, sur les écrans le 15 février. Un film éminemment rock’n’roll dans son approche (sur lui, par lui et avec lui), sa forme, voire sa promotion marketée Instagram avec tournée en province. En bon mixologue du cinéma, Canet nous livre, jusqu’aux deux tiers du film, une comédie douce-amère à la Mankiewicz, oscillant vers le film d’acteur, sublimant une Marion Cotillard aussi lumineuse ici que Margaret Sullavan dans un film de Frank Borzage. La dernière partie, totalement écrite dans le plus pur style Mel Brooks, sombre ou s’élève – c’est selon – dans le burlesque, nous contant alors une autre farce qu’on ne peut dévoiler sans en ôter tout le sel.

« Je suis narcissique, je suis le nombril, je suis rock et je vous emmerde », s’agite le personnage Canet. « Je suis rebelle », dit en substance le réalisateur de Ne le dis à personne ou des Petits mouchoirs, qui continue ici à faire ce que d’aucuns lui reprochent, le film de copains. Faire travailler ses proches, sa tribu, privilégier le lien aux prétendues compétences, c’est une attitude éminemment rock. Se débarrasser de toute contrainte de style, c’est rock. Provoquer, jouer avec son image, faire grincer, c’est rock. S’amuser, vibrer et jubiler comme un ado – ce que suppute la dernière partie du film –, c’est rock. Bosser comme un taré sur une idée en multipliant les casquettes, c’est rock. Créer du malaise, c’est rock, qui place délibérément le spectateur dans une sorte d’état d’exclusion intrusive.

Guillaume Canet est un bipède qui marche, Blue Suede Shoes aux pieds. Un « bipède humain [qui] a besoin de marcher et de parler pour penser, pour créer », soulignait récemment le paléoanthropologue Pascal Picq dans les colonnes de Libé. Canet, il ne marche pas, il cavale. D’où la une du magazine, sans aucune ride dans la tête, sur un homme qui se fout de son image avec sincérité, humour et élégance, le doigt d’honneur sur le « rec » de la caméra.

Partager cet article

A lire aussi
48 heures milan

48 heures à Milan

Si l’Italie est bien connue pour être un musée à ciel ouvert avec ses églises baroques, son histoire, sa peinture ou encore son architecture, Milan ne fait pas exception à la règle. On se balade ainsi d’une rue à l’autre, les yeux tantôt levés pour admirer des fresques perchées, tantôt baissés pour contempler mille et une statues. Visite guidée le temps d’un week-end.

tea time ladurée

L’heure du thé chez Ladurée

Au cœur de son écrin restauré des Champs-Elysées, Ladurée dévoile un savoir-faire maîtrisé pour un tea time à la française dans un décor à l’esprit historique.

body float

On a testé pour vous le body float

Les meetings s’enchaînent, la frénésie urbaine n’est pas prête de s’arrêter (encore moins avec les beaux jours) et vous vous sentez déconnectés ? La rédaction a testé pour vous le body float, une expérience immersive où la gravité disparaît au profit d’un moment de méditation intense.