Real McGregor

American Pastoral, monument littéraire US du génial Philip Roth, a longtemps été réputé inadaptable au cinéma. Après dix ans d’atermoiements, c’est l’acteur britannique Ewan McGregor qui s’est lancé dans l’aventure, réalisant à la fois un brillant premier film, salué par Philip Roth lui-même, et une interprétation fervente du premier rôle.

la rédaction

 

Journaliste cinéma pour France 2, Charlotte Bouteloup de Rémur imprime son regard fort et clair sur le septième art

Journaliste cinéma
pour France 2, Charlotte Bouteloup de Rémur imprime
son regard fort et clair sur le septième art

Charlotte Bouteloup de Rémur : Pour votre premier film en tant que réalisateur, vous avez mis la barre très haut ! Ce roman est un monument…
Ewan Mc Gregor : Au début, je devais simplement jouer dans le film, puis lorsque le réalisateur de l’époque a laissé tomber le projet, ma femme m’a dit : « Écoute, cela fait vingt ans que tu attends de trouver la bonne histoire pour réaliser ton premier film. Tu l’as ton film ! Tu l’as ton histoire ! ».
Je me souviens qu’en 2014, je jouais dans une pièce à New York et un lundi, jour de relâche, j’ai passé la journée à lire et relire le script dans tous les sens. J’ai décortiqué le scénario en essayant de visualiser les scènes, d’imaginer ce à quoi pourrait ressembler « mon » film. À la fin de la journée, j’étais excité et convaincu de pouvoir le réaliser. J’ai appelé les producteurs, qui m’ont fait l’honneur et la confiance d’accepter. Et c’est seulement à ce moment-là que j’ai lu le livre.

Pourquoi ce roman a-t-il été si longtemps réputé si ardu, si complexe à adapter ?
J’aime bien prendre l’image du peigne que l’on passe dans ses cheveux… Dans les livres de Philip Roth, il y a une multitude de sujets abordés et dans chaque thème qu’il explore, il y a plusieurs angles, des sous-couches avec des lectures différentes… Adapter ce roman, cela me fait penser aux dents d’un peigne à cheveux qui tentent d’ordonner une tignasse.

Lire ce roman, faire ce film : tout cela a-t-il altéré votre perception de la paternité ?
Laissez-moi réfléchir [rires]. Je suis père depuis vingt ans et j’ai quatre filles, j’ai donc intimement compris les tourments que traversait mon personnage dans le film. Lorsque j’ai lu le script pour la première fois, ma fille aînée, Clara, avait quinze ans et inconsciemment je me préparais déjà au jour où elle allait quitter la maison pour entrer à l’université. Et ce film, c’est avant tout l’histoire d’un homme qui perd sa fille, certes d’une manière plus radicale mais, en tant que père, cela a eu un fort écho en moi.

C’est la première fois que vous passez derrière la caméra. Comment l’avez-vous vécu ?
Franchement, plutôt bien ! Je n’ai pas eu le sentiment d’avoir deux casquettes sur ce film, l’une marquée « réalisateur », l’autre marquée « acteur ». Tout cela s’est déroulé de manière très naturelle. La seule vraie différence, c’est qu’en réalisant et jouant à la fois, je n’avais pas un moment à moi. Ce film a été également une expérience très collaborative car j’impliquais beaucoup mes acteurs, on essayait des choses… Mais surtout, jouer dans ce film m’a aidé dans mon travail de metteur en scène ; c’était presque plus facile car je n’étais pas derrière le moniteur mais sur le plateau avec les acteurs. J’étais à l’intérieur du film, donc je ressentais tout.

Parlez-nous de vos actrices, Jennifer Connelly et Dakota Fanning.
Le cinéma fait généralement la part belle aux rôles masculins, les rôles féminins sont souvent des faire-valoir et je le déplore. Je suis très fier d’avoir inversé la tendance avec ce film, les rôles féminins sont magnifiques et les actrices merveilleuses.

L’envie d’être acteur, de faire du cinéma, elle remonte à quand ?
J’avais neuf ans quand j’ai dit à mon oncle, qui était acteur [Denis Lawson], que je voulais devenir comédien. Je pense que c’était avant tout pour lui ressembler. Dans les années 1970, j’habitais dans un petit village en Écosse et quand il venait nous voir, il avait une dégaine incroyable, il ne portait pas de chaussures… Mes parents ont accepté que je quitte l’école à seize ans. J’ai commencé par travailler backstage dans des théâtres à Perth et à Crieff, en Écosse, puis j’ai suivi des cours d’art dramatique à Londres. Rapidement, j’ai obtenu des rôles. Je suis un homme chanceux, je n’ai jamais eu à lutter pour exercer mon métier.

LE PITCH
Dans American Pastoral, qui sort en France le 28 décembre, Ewan McGregor incarne Seymour Levov, un juif new-yorkais qui mène une vie épanouie dans le New Jersey des années 1960. Marié à une reine de beauté (la trop rare Jennifer Connelly), père de famille comblé et business man accompli, Seymour Levov est un homme heureux, jusqu’au jour où sa fille (Dakota Fanning) devient une militante pacifiste contre la guerre du Vietnam…

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